L’agriculture dite « conventionnelle » et la Révolution Verte ont montré leurs limites avec l’apparition de crises écologiques dans de nombreuses régions du monde, de crises économiques avec des prix dépendant des cours de la bourse ou encore decrises sociales, en isolant et mettant à mal de nombreuses communautés rurales en France comme ailleurs. Face à ce constat, des alternatives agricoles comme l’agroécologie suscitent un engouement de plus en plus fort. Il est donc important de définir le terme agroécologie dans toute sa complexité.
L’agroécologie est aujourd’hui le sujet de nombreuses études agronomiques, c’est une nouveauté scientifique, mais pas nécessairement une nouveauté pour les paysans ! Comment est-il possible ? L’agroécologie regroupe un ensemble de pratiques et de techniques issues du monde paysan. Des connaissances traditionnelles que ces communautés utilisaient déjà avant qu’elles ne soient oubliées au profit d’une agriculture standardisée et industrielle.
Le terme agroécologie n’est pas simple à définir et à concevoir. Le terme ne définit pas simplement un ensemble de pratiques agricoles, mais fait le lien entre les rôles social, économique, écologique, et politique de l’agriculture.
Comme le souligne Pierre Rabhi, « L’agroécologie n’est pas une fin en soi, mais un prodigieux moyen qui peut nous permettre un autre regard sur le monde à partir de l’expérience objective du vivant ». C’est adapter sa vue à un nouveau prisme, bien différent de la vision actuelle de la société. Une prise de conscience qu’une autre manière de cultiver la terre et les liens sociaux est possible. C’est un nouveau positionnement : ne plus travailler contre la nature (exemple : l’usage d’intrants chimiques comme les engrais et pesticides, la mise à nu des sols, la déforestation à outrance…), mais de travailler avec. Ainsi les pratiques agroécologiques utilisent tout ce que l’environnement immédiat peut donner au paysan pour produire de manière efficiente, durable et saine.
C’est également favoriser la polyculture sur des espaces à taille humaine, cultiver des plantes et s’occuper d’animaux adaptés au milieu et en complémentarité. Ainsi, une plante cultivée peut avoir un effet bénéfique contre certains insectes friands d’une autre espèce au même endroit. Ou encore, l’élevage permet au paysan d’utiliser le fumier pour faire de l’engrais biologique pour sa production végétale. Ce mode de production permet le développement d’une alimentation diversifiée et de qualité, saine pour l’environnement et les Hommes.
Utiliser de manière raisonnée les ressources
C’est aussi utiliser de manière raisonnée les ressources qui nous entourent. Ceci peut s’illustrer par les techniques de paillage pour limiter l’évaporation de l’eau ou encadrer les cultures de haies pour favoriser la biodiversité. Ne pas dénuder les sols pour favoriser l’humus qui permet de contenir l’humidité dans la terre, permettre la reminéralisation naturelle des sols et le développement d’insectes bénéfiques pour les cultures (comme les lombrics). Favoriser le travail manuel et mécanique (comme privilégier la traction animale aux machines à énergie fossile). C’est aussi mettre en place des activités et cultures préservant et améliorant durablement la biodiversité et l’écosystème de la ferme. Toutes ces actions permettent un cercle vertueux de reproduction voire d’amélioration des potentialités et de la productivité naturelle des espaces cultivés.
Comme expliqué plus haut, l’agroécologie sort du champ et se retrouve également dans le système de vente des produits. En favorisant les circuits courts (sur les marchés, en AMAP, la vente à des restaurants ou magasins à proximité par exemple) et la vente directe, avec la présence bien souvent d’une boutique au sein même de la ferme, les fermes agroécologiques recréent du lien social au sein de leur territoire et favorisent même l’amélioration du tissu économique d’une région en favorisant directement ou indirectement l’emploi et la vie des petits commerces de proximité.
Les paysans pratiquants l’agrocécologie, favorisent leur autonomie et gagnent en indépendance, en bannissant les intrants chimiques en amont et en limitant les intermédiaires en aval. Ils réduisent les coûts et peuvent bénéficier d’un revenu leur permettant de vivre décemment. Un revenu viable sur le long terme est très important lorsque l’on sait qu’en 2016, 40 % des agriculteurs français gagnaient seulement 350 € par mois ( Pour aller plus loin, lisez le témoignage d’Hervé Bedouet, Vice-Président de l’ADEAR du Centre-Val de Loire). Grâce à l’agroécologie, les paysans développeront une production plus efficiente grâce à de multiples pratiques sur des zones plus petites comme : l’usage de la polyculture ou l’association des activités, … . Ce système permet d’utiliser la force de travail de façon plus complète et régulière au cours de l’année et la productivité annuelle du travail s’en trouve accrue.
De plus, la polyculture leur permet d’être moins vulnérables en cas de crise, notamment climatique. Par exemple, si une année, une de leur culture est victime d’une maladie ou d’un aléa climatique ou que le prix d’un produit baisse de manière flagrante, tout leur revenu de l’année n’est pas perdu, car les autres produits et activités permettent d’amortir les pertes.
Enfin, favoriser la stabilisation des prix qui passe par un modèle où on ne produit pas de manière excédentaire, assure un prix plus rémunérateur aux agriculteurs qui permet de développer l’agroécologie. Les circuits courts sont par exemple une des propositions de développement.
Agronomes, paysans, consommateurs… de plus en plus de personnes s’accordent sur le fait que l’agroécologie peut durablement répondre aux besoins alimentaires de chacun. D’ailleurs, d’après la FAO (rapport 2011), si on venait à généraliser l’agroécologie sur la planète, nous doublerions la production alimentaire mondiale en l’espace de 10 ans et on favoriserait une alimentation plus saine et on développerait l’emploi! Alors et si on soutenait tous l’agroécologie et le projet Biofermes de SOL ?