1 paysan français se suicide tous les 2 jours ! Ce terrible constat s’explique par de nombreux facteurs liés au fonctionnement actuel de notre système agricole. Toutefois, il est intéressant de noter que de nombreux acteurs ont décidé d’agir et de favoriser des alternatives agricoles plus respectueuses de l’Homme, de la Nature et de notre santé. Il est temps de faire le point et de présenter la situation des paysan.ne.s en France et de mettre en valeur les actions mises en place pour faire changer les choses.
Depuis environ 5 000 ans, les petits paysans sont inscrits dans une dynamique culturelle et démocratique pour optimiser leur avenir avec la terre nourricière.
Aujourd’hui ils sont victimes de la concurrence déloyale d’un système de F.A.I.M. (filières agro industrielles mondialisées) imposé au plus haut niveau notamment dans le cadre P.A.C.-O.M.C. (politique agricole commune -organisation mondiale du commerce). Oui, « imposé » par les représentants des pouvoirs politiques économiques et financiers- car depuis au moins 30 ans, mème les « Pères » (E.Pisani….) du système en avaient évalué les dérives et ont tenté de le réformer mais sans succès .
Oui, ces petits paysans sont directement victimes de la P.A.C. Puisqu’en 1957, le 1er point de l’article 33 du traité de Rome définissait clairement son objectif : « accroître la productivité de l’agriculture en développant le progrès technique ainsi qu’un emploi optimum des facteurs de production ,notamment de la main d’œuvre ». L’homme et la femme au travail sont donc considérés comme facteurs de production à optimiser – c’est à dire à jeter dès que le progrès le permet. L’efficacité des moyens mis en place pour atteindre ces objectifs a été redoutable puisque depuis : 20 à 30% des paysans disparaissent tous les 10 ans. Les surproductions récurrentes ont contribué à déstructurer, via les exportations à prix dumping, les communautés paysannes de pays du sud ou instaurer une logique de gaspillage alimentaire (30 à 40 %) doublée d ‘une perte de valeur nutritive des aliments produits (avis n° 74 du C.N.A.).
Entre les deux stratégies : Agroécologies paysannes et F.A.I.M. (filières agro industrielles mondialisées), il existe au moins deux séries de différences significatives :
Illustrations les moyennes du niveau d’immobilisation par exploitation en 2009 (agreste des dossiers n°12 juillet 2011) :
Bovins mixtes : 329 000 euros
Grandes cultures : 213 000 euros
Fruits : 174 000 euros
Maraichage : 140 000 euros
Formes sociétaires (concernant une majorité des plus grosses exploitations)
Évolution de l’actif moyen immobilisé par exploitant de moins de 40 ans.
Entre 2002 et 2012 : 125 000 à 180 000 euros soit + 45 % (source R.I.C.A) alors qu ‘en 2012 la part du foncier pour ces moins de 40 ans était de 147 000 euros pour les plus de 60 ans ! Une des données expliquant les difficultés croissantes d’accès au foncier pour les jeunes petits paysans !
Le système de F.A.I.M. est très gourmand en capital financier,la P.A.C.l’a donc satisfait avec ses 2 outils complémentaires :
Exemples :
.maraichers + ou -2 ha /actifs =300×2=600 Euros
.grande culture (agrocarburant) +ou- 100 ha /actif =300×100=30 000 euros
2ème pilier de la P.A.C. Avec un budget d’aide à l’investissement pouvant atteindre 40 % pour l’achat de certains matériels (épandage de précision pour les pesticides…)
Exemples :
Défiscalisations accordées par l’état aux industriels pour transformer les produits agricoles en agrocarburant .
Montants moyens liés aux rendements/ha :
Colza : 700 euros/ha
Blé : 1400 euros/ha
Betterave sucrière: 3200 euros /h
Dans un tel contexte on ne s’étonnera pas de constater que :
Cette situation est d’autant plus inacceptable que, pour le Droit à l’alimentation , Jean Ziegler qualifie la F.A.I.M. « agrocarburant » de crime contre l’humanité et Olivier de Schutter démontre que la meilleure réponse contre la faim et pour l’environnement est dans les pratiques d’agroécologie paysanne. En matière de valeur nutritive des aliments issus de l’agriculture biologique sont les plus performants. Enfin, pour la question sociale l’agriculture biologique est aussi reconnue comme la meilleure réponse puisqu’elle crée 20 à 50 % d’emplois de plus que l’agriculture conventionnelle (avis 74 du C.N.A. mars 2015 : le bio en France)
En attendant que nos états, l’Europe et l’O.N.U. se réorganisent pour vraiment assumer leurs missions de défense pour l’intérêt général, la société civile poursuit son organisation en réseaux culturels et démocratiques pour promouvoir les alternatives innovantes.
Le projet BIOFERMES de SOL s’intègre dans cette dynamique de manière très pertinente. Il se construit dans le cadre d’un partenariat le plus large possible avec les autres acteurs déjà impliqués dans cette voie alternative de formation et d’aide à l’installation en agriculture paysanne pratiquant l’agriculture biologique, l’agroécologie, la permaculture et le M.S.V.(maintien du sol vivant) son caractère innovant réside dans le fait qu’il agit simultanément au Nord et au Sud avec les mêmes objectifs et méthodes.
Ce projet va permettre :
N’oublions pas de saluer aussi des contributions déjà majeures :
Des multiples ONG seules ou en réseau qui parfois depuis plus de 30 ans dénoncent et proposent des alternatives.
Oui ensemble nous réussirons à réenchanter notre avenir avec Gaïa !
Article écrit par Jacques Godard, paysan bio en Normandie, militant au sein de la Confédération Paysanne et co-président de l’association SOL